Un texte de mon ami peintre et poète Michel Meyer. Il me semble très bien parler de ce que vivent une foule de gens, et je vois les choses en noir je sais, mais ces choses noires nous essayons de les décrire, et c’est compliqué, parce qu’il y a beaucoup d’attente et de peur peut-être aussi, mais merci Michel de nous rappeler que nous pouvons avoir, malgré tout, « beaucoup de tendresse pour [nous] ».

Ce dessin de Michel a été réalisé au bar le Mandala à Strasbourg, lorsqu’un petit groupe d’auteurs, le Mot Ment, se réunissait là-bas une fois par semaine pour partager leurs écrits. Ci-après l’article original sur le blog de Frédéric Perrot, et le poème de Michel, Sans titre.

https://beldemai.blogspot.com/2024/08/un-poeme-de-michel-meyer-sans-titre.html

j’ai beaucoup de

parfois je m’écoute

enfin j’essaie

c’est vraiment pas évident

on comprend vraiment que dalle

j’essaie de dire de m’écouter dire

enfin j’essaie d’essayer je crois

ainsi j’ai beaucoup de 

et c’est complètement emberlificoté

et quand ça dure ça devient pathétique

et super drôle en fait, on dirait une blague

je crois que l’humour est au moins aussi important que l’amour

ainsi j’ai beaucoup de je veux dire beaucoup de

et c’est important la façon de ne pas arriver à dire

la chose qui disparaît au moment même où on voudrait la dire

la chose ou la robe ou la salad dressing

appelons les choses par leur nom

et les éboulis par leur nom d’éboulis

il y a eu, il y a certainement eu

mais d’une façon tellement pas répertoriée

que j’en bafouille encore

40 ou 50 ou 90 ans plus tard

ainsi j’ai beaucoup de

tendresse pour moi

                        Michel Meyer

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