Une critique du blog Le Bel de Mai

Frédéric Perrot, qui tient le blog littéraire le Bel de Mai, a lu la Bascule, et a reblogué la critique qu’en avait fait Jean-Paul Klée, accompagnée de ces quelques lignes :

« À la demande urgente de l’auteur – Frédéric Bach – je publie cette critique de Jean-Paul Klee au sujet de son roman, La bascule !

Blague à part, La bascule est un très bon roman, surréaliste en son genre, comme Les valseuses ou Buffet froid ou Série noire, que j’ai déjà évoqué sur ce blog, sont des films proprement surréalistes, qui font honneur au cinéma français, dont je ne dirai rien par ailleurs, n’aimant pas les généralités ! On sait combien le surréalisme dans le sillage de Breton méprisait le roman. Seul Aragon parmi les surréalistes historiques a écrit des romans. Frédéric Bach prouve que roman et surréalisme ne sont pas incompatibles. Narration déconcertante, humour noir, point de vue constamment décalé… Le narrateur est sans doute fou et même s’il se rêve en tueur en série, on est tout prêt à le suivre au gré de ses mésaventures hélas ordinaires, qui sont celles de tant de gens…

Recherche d’emploi, recherche d’amour, recherche de quelque chose, on ne sait même pas quoi, mais qui donnerait sens à cette vie… »

L’article original sur le blog le Bel de Mai est ici :

http://beldemai.blogspot.com/2022/11/frederic-bach-la-bascule-une-critique.html

Frédéric Bach, La Bascule

Une chronique de Florian Crouvezier pour l’association REVU. Oubliez les chiens qui hurlent…

REVU, la revue poétique

La brutalité du désir me dissout le crâne et le cœur.

Il y a des livres attachants. Et il y en a d’autres qui font tache. Pas du style petite tache de confiture sur la chemise. Non non, plutôt bonne grosse tache de foutre, de sang ou d’excrément. Une tache qui vous colle à la peau quoi. Et qui vous file un sacré inconfort. Mais l’inconfort peut être salvateur dans une société policée comme la nôtre. Et ça, Frédéric Bach, qui a publié un poème-calligramme (Ba Be Bi Bo Bu) dans le huitième numéro de REVU, l’a bien compris. Il a donc choisi le parti pris de bousculer le lecteur. Allez-vous saisir la main qu’il vous tend pour une plongée en enfer ? Il n’est pas dit que vous en ressortiez indemne…

Mais ne soyez pas effrayé ou rebuté par cette entrée en matière un peu frontale…

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LA BASCULE, FREDERIC BACH

Le blog littéraire Hubris Libris a lu La Bascule – Deux jours dans la tête d’un tueur. Passez-vous de l’eau dans la gueule, oubliez les chiens qui hurlent !

La Bascule. C’est l’immersion dans la tête d’un homme, une personne aux connexions singulières, à la vision fracturée. Il a une femme, un enfant, et traîne ses savates d’agences intérim en petits jobs. Un gars à la vie banale si on l’observe au loin, se contente du physique en le croisant dans la rue, au détour d’une boutique. Un bougre un peu bizarre si on ne s’attarde pas à lui adresser à la parole. Mais le roman ouvre sa caboche, cisaille la boîte crânienne, laisse à l’air son cortex où valsent des pensées étranges, où la mort peinture ses idées.

Un nom, une identité ? Il n’en a pas. Un moyen, peut-être, de le noyer dans la foule, de lui conférer un anonymat, une absence de visage pour mieux l’entr’apercevoir à travers ceux que l’on croise chaque jour. La folie est bien déguisée.

Ce sont des rencontres, la banalité des jours et il suffit d’un mot de trop, d’un refus pour que le gaillard bascule dans la violence, dans un besoin de flux rouges. C’est obscène, sanglant, sans demi-mesure. Ça taille dans le lard, comme ça jacte d’insultes et de foutre. Si ton âme est sensible, que tu chouines de trouille devant les séries policières de TF1, sache que tu te rouleras en boule sous ta couette à la première page. 

Chaque chapitre comprend sa scène trash, versant dans un crescendo de démence et d’abomination. Cette répétition de l’horreur génère (pour moi) une légère lassitude, étant rarement choquée par des scènes ignobles dans les romans. 

Je lui reconnais une certaine facilité à trancher le vif, à ne pas s’encombrer de détails, à explorer le dégueulasse.

Un roman singulier, assurément noir. Une immersion dans le ciboulot labyrinthique d’un type habité par la psychose meurtrière.

HUBRIS LIBRIS

Chus nerveux. Hier soir, une amie, rencontrée à l’HP, a téléphoné. Cela n’aura qu’un vague rapport avec la suite des événements, peut-être que si, ma vie est un patchwork de trucs qui vont viennent sans lien entre eux, ou si peu, au final le résultat est moche, je me dis bon ma femme qui dort à mes côtés, mon gosse tranquille dans sa chambre, c’est cool ça, mais là j’ai envie de baiser, il faut que je trouve du travail, ça ira je suis motivé, même s’il y a trop de violence dans la tête. Tout ça tangue un peu, prends tes neuros, suce un xanax, passe-toi de l’eau dans la gueule, oublie les chiens qui hurlent, et surtout tombe pas dans la bascule…

Né d'aucune femme (2)

La Bascule. C’est l’immersion dans la tête d’un homme, une personne aux connexions singulières, à la vision fracturée. Il a une femme, un enfant, et traîne…

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Une critique de Jean-Paul Klée

Jean-Paul Klée a lu (en 1 jour et demi !) et apprécié le roman La Bascule : ci-après la critique (le scan et sa transcription) qu’il m’en a faite, dans son style inimitable.

Qui donc a lu Frédéric BACH ?…

De : Frédéric BACH, la Bascule, Deux jours dans la tête d’un tueur (édit. Camion Noir, décembre 2016) 217 pages. L’auteur vient d’avoir 40 ans, il vit dans le Bas-Rhin au pied des Vosges (c’est un léger pseudonyme). Je ne lis jamais ce genre de livres (thrillers…). Une amie commune m’avait filé, de lui, un manuscrit de poëmes, sans plus. Là, c’est d’une maîtrise ahurissante pour un premier roman. C’est un maître livre. Quel ton, quelle justesse, quel scénario, quelle psychologie !.. On hallucine. Dans le genre bien sûr de Céline & des grands romanciers USA.

Tout a lieu à la première personne, dans un français très parlé, populaire, familier, relâché, argotique ou même ordurier, « porno », disons-le. Mais quel art de la phrase & même de la syllabe !.. On n’en perd pas une miette, ni un seul mot.

C’est un jeune homme suivi depuis 10 ans par un psychiatre & sa vie est ponctuée de « xanax » [des calmants] & même parfois d’un séjours ou deux en HP. Il est marié, adore sa femme (si gentille, tolérante), ils ont une petite fille & il change très souvent de boulot, même qu’il drague les employées de l’ANP. La sexualité l’occupe très souvent, il nous dit quand il bande ; quand il est reçu (à la hussarde) par une femme ou une jeune fille rencontrée çà ou là, dans un train ou un supermarché. Le lecteur est captif, il suit chaque pas du héros en direct, comme si voyeur… Tout est nécessaire, tressé, relu, peaufiné, ajusté comme de la mosaïque : micro-psychologie, tout le flux mental qui vous passe dans la « méduse » à tout instant. On s’y colle vraiment. Une toile d’araignée : elle englue le personnage principal qui – hélas – va tomber plusieurs fois (dans un gouffre, une abysse) & là ça se termine très mal : quatre fois, une crise ; quatre fois un chapitre épouvantable (l’éditeur, m’a confié l’auteur, m’a demandé d’être plus hard) alors j’ai rajouté du très lourd, me dit-il. On peut à peine (avec peine) traverser ces quatre chapitres-là, au secours !…

L’homme est obsédé par « des voix » qu’il entend & et aussi des chiens hurleurs & des cerfs-volants plus ou moins chinois. Il se trouve très souvent « mignon, joli gosse »; il est très bien habillé, parfumé, en recherche tout le temps d’un nouveau job ou (&) d’une nouvelle meuf. Il parle librement de sa bitte ; elle intéresse les dames. Hélas il y a des fois où (dans une sacristie ou un grand aéroport) cela tourne très très rouge & noir ! Quelqu’un veut inventer (p. 55) une machine pour manger, ça donnera beaucoup d’argent. Il se fait passer pour un médecin ou théologien & ça marche vachement, hélas ! Il croit (encore un peu) en Dieu. Il écrit aussi (dans les cafés) de la poésie. Est-il, sera-t-il poète ?… Bien sûr un roman d’une telle étendue (56 séquences) n’a rien à voir avec les éjaculats plus ou moins lyriques qu’on ramasse (vite fait) dans un calepin d’étudiant = flash ! Ici c’est déjà travail de très longue haleine, style aqueduc romain & l’eau (le vif-argent) parvient jusqu’à la 56e arcade. Pari largement gagné. Les fameuses « voix » sont devenues (p. 81) ses inspiratrices, tant mieux,… tout sera-t-il donc sauvé ? On verra !… « Mon innocence est provisoire » (85) comme un peu chacun d’entre nous ?.. Et alors dans tout cela, Dostoïevski & Camus & Jean-Paul Sartre qui à Venise voyait dans la rue des écrevisses… « Ma femme aussi elle me dit (89), je suis un bon coup pas qu’au lit »… Tant mieux donc & tout le monde sera-t-il d’ici peu pardonné ?.. Vous m’en reparlerez, en novembre ou février.

Vraies pages d’anthologie, Houelbecque écrit-il beaucoup mieux ? La p. 93 à 97, les 118 à 122 (on ne supporte pas, les 127 à 128) (même Sade ou Bataille, à côté de cela ?…) ■■ « Et lorsque la haine me saisit… » (130) ■■ Les 152 à 157 (meurtre dans la sacristie) on se dit comment peut-on écrire cela (comme quand vous regardez un film de Hitchcock ou un tableau de Goya : toute littérature a toujours évoqué « le » tueur (mais pas avec un tel luxe d’ordures). Alors quoi faut-il penser ?… Que Frédéric Bach est d’un seul coup – d’un seul,- un grand écrivain : il voit (même si son audience est encore [&moi donc…] très confidentielle) : on dirait déjà d’un classique, hé donc !…

Écrivain d’horreur comme l’on dit « un film d’horreur » ? La 5e crise (ou séquence) est à vomir (pp 170 à 173) ces choses-là arrivent hélas tous les jours et pas que dans les faits d’hyver ou la revue spécialisée DÉTECTIVE… non ?…

Le roman se termine au terminal d’un grand aéroport parisien (un projet de retour au Congo), il y a dans la tête du narrateur « des ectoplasmes modelés dans une glaise de haine crasse & de sensibilité sublime »

Moi qui, bien sûr, ai horreur de tout cela & qui depuis l’enfance suis d’une patience quasi-angélique (on me surnommait le petit Jésus), j’ai lu toute la Bascule, en un jour & demi & mot à mot, soulignant des choses au fluo citron & parce que je savais qu’il y avait très peu de chances qu’un autre que moi « fasse le job », même & surtout si ce livre-là est très, très fort !… Les gens ça leur fait quoi donc si on leur lance « lisez Frédéric Bach, il va vraiment très très loin !… » ■■ Merci à vous, Frédéric d’Alsace, d’avoir poussé aussi haut « le » bouchon dans un ciel aussi noir, aussi bleu, aussi blanc !… Tous nous survivrons, « ma grandeur (211) sera connue de par le monde » !…

Jean-Paul KLÉE

(à Strasbourg 15 août 2019).