Au Mexique, par un ami musicien et écrivain, éditeur de revues, pour laquelle j’ai fait une illustration. Nul n’est prophète en son pays.

Une photo par ma fille Johanna

Llega la celebración del primer libro de Venkisen , el llamado Guerrero de los 1000 años, ( presentación el 9 de Diciembre de 2023 en el Centro Cultural Adelita, Col. Roma, Cordoba 23 A, , cita 5 p.m.), titulado Venkisen llega a la tierra. y quiero agradecer a Venkisen la revista, comparto una de las entrevistas que ha realizado dicha revista y en el transcurso de este mes iré compartiendo más:
Compartimos entrevista realizada a mi colega escritor y buen amigo Frédéric Bach., dado que Frédéric Bach es de Francia, la entrevista se ha realizado en su idioma:

Interview Frédéric Bach

1. When did you start your career as an illustrator and why do you like illustration as a form of expression ?
Dans mon adolescence, c’était un peu d’aquarelle, et beaucoup de photographie. Au milieu des années 90, j’avais un labo noir et blanc à la cave de la maison familiale. Mais l’écriture est la forme d’expression première pour moi. Des poésies, des nouvelles d’abord, des articles de journaux, et enfin un roman noir a trouvé un éditeur en 2016. Un an plus tard, j’ai commencé à faire des lectures publiques. Il a fallu préparer des affiches. Financièrement, c’était alors compliqué pour moi. J’ai un travail alimentaire : je prépare des travaux pratiques pour les lycéens en sciences. Je venais de retaper une maison et de m’installer dedans avec ma femme et ma fille. J’aurais pu payer des belles affiches, mais j’ai ce côté DIY, j’aime l’esthétique punk, même si ado j’étais plutôt mods. Bref, il fallait faire vite et pas cher. J’ai repensé à mon père, architecte, qui retravaillait ses aquarelles au Rotring. Une affiche en noir et blanc, c’est simple à photocopier. J’ai dessiné mes premiers personnages, une foule de gens qui avaient chacun un bouquin dans les mains. Ça m’a pris quelques minutes. Ça collait avec l’esprit de mon livre, un thriller un peu social, un peu porno, avec de la violence, du trash, quelque chose de très noir et très blanc. Par après, des gens m’ont acheté les dessins originaux des affiches, alors que j’avais du mal à vendre mon livre. C’est la grande force de l’illustration, la soudaineté, l’image vous saute à la figure et vous savez si ça vous plaît ou pas, la musique c’est un peu pareil, alors qu’un livre, il faut rentrer dedans, lire la quatrième de couverture, réfléchir et tenir l’attention pendant la lecture. Je me suis vite rendu compte que pour moi aussi, dessinateur, je pouvais être complètement présent dans mon travail, oublier ce putain de mental, m’oublier quelques minutes jusqu’à être le stylo. C’était plus agréable que l’écriture, moins de souffrance aussi. Depuis ce moment, sans abandonner le texte, je me promène avec quelques feutres et un peu de papier.

2.What inspires you the most to illustrate ?
L’essentiel de ma production est constitué de personnages en noir et blanc. J’utilise des stylos techniques à encre noire. J’ai toujours sur moi un carnet de croquis. L’aspect technique m’amuse beaucoup. J’ai fait des études scientifiques – il faut bien manger. Et j’aime comprendre comment les dessins ont été faits, avec quoi, sur quels supports. Mes amis me décrivent comme un gars bizarre, électron libre, je travaille seul, l’écriture aussi est un art qui se fait dans la solitude, et pourtant je dessine des gens, des visages, à chaque fois j’ai un moment d’appréhension avant de commencer un visage. Ce n’est pas tant que la personne doive se reconnaître, c’est juste que lorsque le dessin est fini je veux que l’on comprenne pourquoi j’ai fait ce dessin. Souvent ce n’est qu’une attitude, un accessoire de mode, une posture, le cadre où évolue mon sujet. Je travaille par série. J’ai dessiné des dizaines de voyageurs dans le train et dans le tram au moment de la pandémie, tous masqués. Des amis musiciens qui répétaient ont été « croqués » à plusieurs reprises ; j’ai fait la pochette de leur album. Je suis pragmatique : j’ai insisté pour qu’ils fassent un tirage vinyle, parce qu’il y a plus de place pour dessiner. De mon travail dans les laboratoires, j’ai eu l’idée de dessiner des insectes vue à la loupe binoculaire, non pas en dessin naturaliste, mais croqué sur le vif – le comble pour un animal mort, ce qui le fait revivre peut-être par ironie poétique. Après, il faut savoir sortir des séries et avancer, ce qui pour moi signifie souvent « trouver une autre idée ». L’expérimentation est alors la meilleure façon d’avancer, et en s’amusant.

3. You have told me that you have participated with the musician Bela Goosy. What has been your best experience working with him ?
Bela Goosy est un ami d’études, le hasard nous a fait nous rencontrer dans une formation universitaire un peu improbable. C’est resté un ami, il a lu les premières versions de mon thriller, en a tiré une chanson que vous pouvez écouter quelque part sur mon site web. Lorsque j’ai fait des lectures, je me suis dit qu’il fallait de la musique. La poésie, même trash et crue, ça peut devenir assez vite chiant à écouter, je trouve finalement assez rares les textes lus où l’attention reste entière pendant une heure. Mes textes sont très oralisés, musicaux, et les nappes de darkwaves de Bela Goosy sont là pour faire prendre la mayonnaise. J’ai proposé des thèmes et des textes, Bela Goosy a composé devant moi, et il improvise lors de mes lectures, ce que je trouve toujours à chaque fois incroyable, mais comme je n’y connais rien en musique, je me dis que c’est son job et il le fait bien.
On a interdit des bars aux mineurs le dimanche soir (ils doivent aller à l’école le lundi matin, non?) et on a fait l’animation contre quelques bières. Cette année, j’ai été invité dans un lieu assez emblématique de la vie strasbourgeoise, le Foyer des Étudiants Catholiques, qui est surtout connu pour être un restaurant universitaire, où tout le monde peut aller évidemment. Le prêtre qui tenait les lieux était au courant que mes textes n’étaient pas très catholiques, et que la musique ce n’était pas du chant grégorien, mais nous nous sommes beaucoup amusés. Ce sont ces happenings qui m’amusent le plus, un gros grain de folie qui va rayer le disque des convenances, et au final des découvertes, de l’amusement, en décalage énorme avec les réalités des temps actuels.

4. I know that you write poetry too. Do you have publications in any publishing house or is it independent ?
Beaucoup de mes amis poètes s’auto-éditent. Je m’y suis souvent refusé, même si je pense avec le recul que c’est pour des mauvaises raisons. J’ai gagné le premier prix de ma région d’un concours littéraire assez couru chez les lycéens, le Printemps de l’Écriture. Pendant longtemps, c’était mon plus beau diplôme, ma plus belle carte de visite. Les éditions la Différence ont accepté quelques textes dans une revue au milieu des années 2000. Puis ma poésie s’est noircie. Je me suis amusé un temps à photocopier un recueil de nouvelles et à le vendre sur un marché de l’art éphémère, mais j’ai cessé cela. Je pourrai y revenir, en mettant des illustrations avec (des textes un peu coquins, ça doit plus attirer avec des images). Je propose des textes aux revues de temps à autres. Dans les années 2000, c’était mal vu de s’autopublier, ça l’est peut-être moins maintenant, ça s’est simplifié aussi, je comprends qu’on puisse être tenté par les imprimeurs en ligne. Pour mon thriller, je n’aurais pas pris seul sur moi un texte qui peut prêter autant à polémique, c’est le boulot aussi de l’éditeur.
L’objet livre est important pour moi, j’aime les revues DIY, j’en achète à l’occasion (« prix libres… »), et j’y vois du bon travail, des bons textes avec des illustrations chiadées, sur des sujets impossible à éditer autrement que dans sa cave. Du côté maternel de ma famille, il y a trois générations d’imprimeurs. Ça laisse des traces, mais pour moi le papier doit être beau, l’illustration aussi, le thème engagé (sinon c’est livre de poche), et je suis très exigeant sur le texte. Mes références littéraires s’accordent avec l’esprit magazines, c’est le réalisme sale de Bukowski, Hubert Selby Jr, et en France des auteurs comme Calaferte.

5. If you came to an exhibition of your visual art in Mexico, what topic would you like to deal with and why ?
Je n’ai jamais mis les pieds en Amérique Latine, et parmi tout ce que cela évoque en moi, tous les clichés, Mexico est avant tout La ville tentaculaire, une ville fabuleuse, digne d’être un personnage de roman. Donc mes dessins urbains peuvent trouver leur place dans ce mythe. Parmi les quelques 800 dessins que j’ai fait ces trois dernières années, tous visibles sur le site Flickr, j’ai une série de voyageurs dans les transports en communs pendant la pandémie, à ce moment où beaucoup de travailleurs bossaient depuis chez eux. Des gens masqués, en plus d’être rivés sur leur smartphone, et souvent fatigués d’être dans un métro boulot dodo compliqué encore par la pandémie. J’ai un peu honte de le dire, mais n’ayant pas de formation académique en dessin, je commence toujours mes dessins par ce qui me semble le plus dur : le visage. Les reste vient tout seul en général. Pendant la pandémie, le masque m’aidait beaucoup, c’était un rond déformé, deux points pour les yeux, et un morceau de tissu, beaucoup plus facile. Mais je m’améliore avec le temps, ce qui d’ailleurs enlève de la spontanéité. Donc j’ai pris le même train et le même tram tous les jours pendant des semaines, et voilà ce qui pourrait m’intéresser dans la ville de Mexico : les transports en communs, le déplacement, en bus train métro tramway, le voyage intraday, et les attitudes des capitalinos. Bref, la frontière et les multiples façons de la franchir.

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